Cette série de photographie a été réalisée dans un atelier de Mécanique en 2014 à Mâcon. On réalise dans cette usine des pièces métalliques et des outils que d’autres machines accueilleront. Il ne s’agit pas là d’un travail de commande, ayant connaissance de ces lieux j’ai demandé l’autorisation de pouvoir photographier lorsque les machines étaient à l’arrêt, les jours de relâche. J’ai choisi de photographier ces machines-outils frontalement, à la lumière des seules verrières, gardant l’atmosphère de clair-obscur, de pénombre que j’ai trouvé en pénétrant dans ces lieux. Le travail à la chambre photographique, en grand format correspond et répond à ces outils de précision dont j’ai fait le portrait. Les couleurs émergeant de l’ombre, la géométrie abstraite et rigoureuse des formes, l’intemporalité du design des pièces et des machines, le silence de ce hangar déserté favorisent la contemplation. Les formes et les commandes mécaniques ou numériques correspondent à des fonctions précises qui laissent percevoir en creux les gestes absents des opérateurs. Photographier dans cet atelier, travailler à une variation sur ces machines m’a amené à m’interroger sur les gestes au travail et le labeur des hommes, entre savoir-faire et répétitivité brutale des tâches. Je n’ai cependant pas eu pour ambition, en réalisant cette série, de développer un propos général sur le travail mais plutôt de montrer des machines et des pièces métalliques que l’absence de fonction dans mes images transforme en autant de sculptures énigmatiques.
This photographic series was shot in 2014, in a mechanical workshop based in Macon. The workshop produces mechanical parts and tools. Having been intrigued by this place for some time and wanting to produce a new personal project I asked if I would be allowed to photograph the workshop on rest days, when the machines were off and the workers were away. I chose to photograph these tool-machines headon with no added lighting, working solely with daylight streaming through the large glass windows, retaining the semi-darkness quality of the space I experienced the first time I stepped into the workshop. Working with a 4x5 inch view camera echoes and corresponds to the precision tools I chose to photograph with a frontal approach, as in a portrait. The stillness of a deserted hangar, the colours emerging from the shadows, the rigorous yet abstract geometrical shapes, the atemporality of design of both products and machines, all lead to some form of contemplation. The precise shapes and digital or mechanical controls, corresponding to specific functions, reveal the repetitive movements of invisible operators. Shooting in this environment and focusing on the machinery brought the question of human labour and daily work practices, the thin line between savoir-faire and brutal repetition of tasks. However, my aim was not to develop further the conversation on manual labour, but to emphasise how within a set photographic practice where their sole function is removed, these machines and metal works are transformed into enigmatic sculptures.
© François Deladerrière, 2024